mercredi 5 septembre 2012



  

CHATEAU de DURTAIL

( Manuscrit du Mialan)








DURTAIL occupe une position à peu près semblable à celle du château d’Iserand : un mamelon isolé, bordé de précipices, ne se rattachant aux autres rochers qui l’entourent, que par une langue de terre, facile à défendre,  au moyen d’un fossé et de remparts.
Tous les deux sont à peu de distance du Rhône, mais cependant hors de la vue des voyageurs, qui suivent la rive ou qui passe en bateau.
C’était un repaire de pillard. Une vedette postée à peu de distance du manoir pouvait avertir le châtelain de l’approche d’un marchand ou d’un pèlerin ; aussitôt celui-ci, avec ses quelques malandrins, fondait sur l’étranger et le mettait à rançon.


Les Sires de Tournon seigneur de DURTAIL n’agissaient pas autrement. En 1268, Guillaume Ier de Tournon faillit éprouver le même sort que Roger de CLERIEUX, dont Saint Louis avait fait raser le donjon quelques année auparavant.
Il rançonna une bande d’Anglais qui descendaient le Rhône et allaient rejoindre le prince de Galles, depuis Edouard Ier, partant pour la Terre Sainte. Le prince à son retour, en 1272, traversa le Vivarais pour  aller prendre possession du trône d’Angleterre.
Son père, Henri III, venait de mourir. Il avait gardé un vif ressentiment de l’insulte faite à ses gens et voulait en tirer vengeance. Le Sire de TOURNON détourna l’orage qui le menaçait, grâce à la médiation de l’Archevêque de Vienne et de la Comtesse de Savoie.

DURTAIL était une baronnie ayant droit de haute, moyenne et basse justice . Sa juridiction était bornée   au levant par le Rhône, depuis GLUN jusqu’à l’embouchure de MIALAN, sauf la petite seigneurie de Châteaubourg, qui formait une enclave de peu d’étendue.

Au midi elle suivait le torrent de MIALAN, puis celui de SAVEYRE jusqu’au dessous de PENY.
De là, sa limite passait au dessus de CHABAN  et descendait par le ravin du SUD jusqu’au ruisseau de L’ARGENTIERE , d’où elle remontait en suivant son lit jusqu’au col de MACHABEE. Englobant l’église et le presbytère de Saint Romain, elle revenait au midi par un ravin près de NERVY, jusqu’au ruisseau de PANTUZE et le suivait jusqu’à son confluent avec celui du BEC.
A l’ouest, elle remontait par ce dernier ruisseau et suivait ensuite celui des SIMONDONS jusqu’à l’ancienne tuilerie des SARRASINS. Là, elle prenait le cours du  ruisseau de COMBES et arrivait au NORD jusqu’au Rhône, un peu au dessous du village de GLUN.

La Baronnie de DURTAIL comprenait donc : toute la commune de CORNAS, un peu de celle de CHATEAUBOURG, la partie de celle de Saint-Peray qui est au nord de MIALAN et de SAVEYRE et la majeure partie de celle de Saint Romain de Lerps.
Sur cette dernière commune, le penchant de la montagne qui regarde le levant, la partie septentrionale et une bande de terre partant du midi de l’église et se dirigeant vers le BESSET, appartenaient à DURTAIL

Les maisons bâties au pied de la tour appartenaient à des gens de Saint Romain de Lerps, aucun habitant de CORNAS n’y possédait de demeure.
Cela se comprend : à Saint Romain, il n’y a pas d’agglomération ; chaque cultivateur a sa maison isolée. Dans les époques troublées, pendant la guerre de cent ans, par exemple, quand la France était ravagée par les routiers, les Ecorcheurs et les Parvenus, si une bande était signalée dans le voisinage, chaque famille venait chercher un refuge à l’ombre de la tour, amenant son bœuf ou son âne, et laissait passer l’orage.
CORNAS, qui était un village, devait avoir un mur d’enceinte ; on s’y barricadait ; on pouvait se prêter assistance. D’ailleurs l’espace était bien petit.

Un terrier de 1481 donne les noms de 15 propriétaires de Saint Romain qui avaient une maison à DURTAIL.
de ce nombre étaient : le curé, Jean de Croze, Jean des Rioux, Claude de Courbis, Antoine de Pommaret, Mathieu Martin, les familles de COMBES, de CHAZAL, de BRESSIEU, etc…

On s’étonne de voir tant de monde dans un espace aussi exigu. Mais il paraît que les maisons étaient élevées : celle de famille de Bressieu  et de Chazal avaient chacune trois étages. On suppléait par la hauteur au défaut d’espace.                  



LA TOUR DE DURTAIL :

A deux ou trois cents mètres au dessus de Châteaubourg , en longeant la rive du Rhône, on trouve à gauche une gorge étroite, creusée par un torrent, qui vient se jeter dans le fleuve. Si l’on remonte cette gorge, par un sentier de chèvre, qui va s’élevant au dessus du torrent, après avoir marché moins d’un kilomètre, on a devant soi une vieille tour, entourée de masures : c’est  DURTAIL

Le lieu est sauvage ; ce ne sont que rochers granitiques, à teinte foncée, où croissent quelques chênes rabougris et des broussailles.
La gorge s’est élargie, elle forme un cirque assez vaste. Du côté du levant, par lequel on est arrivé, se détache un rocher qui s’avance, comme un promontoire, au milieu du cirque. .Le torrent roule avec fracas à soixante dix où quatre vingt mètres au dessous du sommet de ce massif et l’entoure de trois côtés.
Sur ce sommet est bâtie la tour : elle octogone, construite en moellons calcaires, d’égale dimension, de forme cubique ; sa hauteur est de 15 mètres.

A l’intérieur elle se divise en trois étages ; le rez de chaussée n’a pas d’ouverture ; au premier étage on aperçoit une étroite porte en ogive. C’est par là qu’on pénétrait dans la tour, au moyen d’une échelle ou d’un escalier extérieur. Du côté opposé, donnant sur le précipice, se trouve un petit balcon appuyé sur des machicoulis. A l’étage supérieur il n’y a que des meurtrières. On remarque à la base des traces de mines ; on a voulu la faire sauter ; mais grâce à la solidité de ses murailles de deux mètres cinquante d’épaisseur, elle n’a pas été ébranlée et n’a rien perdu de son aplomb.
Du côté du levant, le seul par lequel on puisse arriver, se dressent çà et là, des pans de murs, débris de vieilles habitations. Et à l’endroit le plus étroit et le plus bas de l’isthme, on distingue des traces d’un double rempart, qui fermait l’entrée de la presqu’île.

En 1140, cette forteresse appartenait à un seigneur nommé Arnaud de Cristo. Il voulut prendre part à la seconde croisade prêchée par saint Bernard. D’après une charte qui se trouve aux archives du château de Tournon, n’ayant d’autre date que ces mots : ante motum jérusalem, il vendit sa seigneurie à Pierre  Guillaume de Tournon et à son fils Guillaume Astorgue moyennant quatre mille cinq cents sols, et promis de donner sa fille en mariage à ce dernier, dans un an,. sous condition que si Guillaume Astorgue n’avait pas d’enfants de cette union, le vendeur rentrerait en possession de son fief, en remboursant le prix.
On ne sait qu’elles furent les suites de ces conventions.

LES BARONS DE DURTAIL

Le Père Colombi, dans son histoire des évêques de Valence, appelle DURTAIL, «  un village, pagus Duristallii », qui avait des rues et une place publique.
Il semble que le seigneur avait lui-même une habitation distincte de la tour ; car dans une transaction  du 6 mai 1522, il est question d’une maison « sise dessoubz le fort du chasteau de Durtail , confrontant du levant,  la grande porte du dit fort ; du couchant la maison du seigneur ; de bise, le tesnement de la chapelle qu’autrefois estait audit fort, appelée la chapelle de Saint Jean »  

Les barons de Tournon y venaient rarement ; ils étaient représentés par un châtelain. Pendant deux siècles de 1417 à 1672, ces châtelains appartinrent presque toujours à la famille de BOUVIER DE MONTMEYRAN.
DURTAILOn ignore l’époque précise de la ruine de DURTAIL ; il était encore habité et logeable en 1570.
Lorsque COLIGNY, après la défaite de Montcontour, eut formé le projet de transporter la guerre au nord de la Loire et fit sa chevauchée à travers le Languedoc, il s’arrêta à DURTAIL. Ce fut sans doute, en qualité d’hôte et non en ennemi ; quoique le seigneur du lieu et lui appartinssent aux deux partis opposés. Mais ils étaient parents
Blanche de Tournon, grand’tante de Just II, alors seigneur de Tournon, avait épousé Jacques de Coligny, oncle de l’amiral.
Quarante huit ans après, en 1618, DURTAIL était en ruines et sa Cour de Justice tenait ses assises à CORNAS.

Les Bouvier de Montmeyran, longtemps châtelains, puis seigneurs de DURTAIL étaient batailleurs.
 Celui qui hérita de son oncle de LAMOTHE, ayant un jour rencontré à la chasse le seigneur de GLUN messire de La Barge, eut avec lui une discussion violente, qui se termina par un duel, où La Barge fut tué.
Jean de Montmeyran fut accusé d’assassinat et condamné à mort par contumace, le 7 août 1654, par arrêt du Parlement de Grenoble.
 Il s’expatria ; peu de temps après il obtint sa grâce et rentra dans ses foyers.
Il avait un fils, François de Montmeyran, qui fut tué à Valence en 1702, par un étudiant de l’université de cette ville, nommé Jourdan Baron de Saint-Léger.
Les deux jeunes gens s’étaient battus en duel au sabre, au sortir d’une visite en Monsieur de BAYANNE, parce qu’ils prétendaient tous les deux aux bonnes grâces de Mlle De Bayanne.

Les De Coston avaient la tête chaude comme les Montmeyran : .Le fils de Louise de Bouvier, Jean Charles de Coston, mourut jeune encore, à Valence, en 1746, des suites d’un coup d’épée reçu l’année précédente.
Son fils, Charles Louis, mourut très âgé, en 1837, après une vie assez accidentée. Il fut le dernier seigneur de DURTAIL ; la tourmente révolutionnaire faillit lui coûter la vie.
Bien qu’il eut apporté ses titres féodaux sur la place publique de Saint Peray, où ils furent livrés aux flammes, il n’en fut pas moins déclaré suspect et emprisonné. La chûte de Robespierre le sauva. En 1796, il succéda à Grangeon comme juge de paix du canton de Saint-Peray ; il exerça ces fonctions jusqu’en 1799 et fut remplacé par Jean-François de Taule-Faure, homme de loye.

Il eut un fils, François Gilibert de Coston, qui embrassa la carrière militaire, dans l’arme de l’artillerie.
Il fit  la campagne d’Egypte et laissa un bras à ABOUKIR ; ce qui ne l’empêcha pas de servir jusqu’en 1814.
L’Empereur le nomma Officier de la Légion d’Honneur et par un décret rendu à Dresde le 5 juillet 1813, baron de l’Empire.
Il passa les dernières années de sa vie dans sa propriété des THEVENINS, près de Valence et publia en 1840 une histoire des premières années de Napoléon.
NAPOLEONLe baron de Coston ou le manchot, comme on l’appelait, fort connu pour son esprit caustique, était maire de la commune. Il s’avisa un jour d’inviter à dîner son conseil municipal ; au dessert il fit servir du vin de Bordeaux. Comme ses convives dégustaient sans témoigner beaucoup d’enthousiasme, il s’adresse à son adjoint  assis à sa droite : Eh bien ! Guillaume, comment le trouves-tu ? Guillaume porte de nouveau le verre à ses lèvres et après réflexion répond : il est petit mais n’a pas de mauvais goût. De Coston indigné s’écrit : Paysan, tu n’en boiras jamais plus !.. et il ordonna d’enlever le Bordeaux et de rapporter le vin ordinaire.  

DURTAIL- EVECHE DE VALENCE

Au XIIème siècle, le fief de DURTAIL, appartenait à l’évêché de Valence. Le 20 décembre 1217 l’évêque HUMBERT de MIRABEL le céda à Guy Ier baron de Tournon :, petit fils de Guillaume Astorgue, pour le payer des services qu’il lui avait rendu, en l’aidant à combattre GONTARD seigneur de Chabeuil.
Depuis lors, DURTAIL appartint aux sires de Tournon jusqu’à l’extinction de la branche aînée de cette famille, en 1644.
Mais avant cette époque la tour et les maisons étaient en ruines. Cette destruction précéda celle de Crussol et ne fut pas l’œuvre de RICHELIEU ; car dès 1618, la Cour de Justice de DURTAIL avait été transférée à CORNAS parce que le château était inhabitable.



Après la mort de Just-Louis II de Tournon, cette seigneurie ainsi que tous les autres biens délaissés par lui passèrent à Marguerite de Montmorency duchesse de Ventadour son aïeule maternelle .

En 1672, Henri et Charles de LEVY Ventadour fils de Marguerite de Montmorency vendirent au prix de 33000 livres, la terre de Durtail et ses dépendances à noble Claude Teste Ferrand de LAMOTHE, habitant de Saint-Péray.

 Celui-çi mourut sans enfants, en 1682, laissant toute sa fortune à son neveu Jean de Bouvier de MONTMEYRAN, qui était châtelain de DURTAIL, en 1672, au moment où il en avait fait l’acquisition.
Montmeyran, mort en 1712, avait deux filles, dont l’une Louise, avait épousé en 1682, noble Claude François de Coston, major de la ville et de la citadelle de Valence.

De ce mariage naquirent deux enfants, François et Jean-Charles de Coston. François, l’aîné, eut pour sa part tous les biens que possédait sa mère dans le comté de CRUSSOL ; le cadet, Jean-Charles, dit de Saint Romain, capitaine au régiment de Monaco, hérita de la seigneurie de DURTAIL, du domaine de CHABAN et d’une maison à CORNAS, appelée la TOUR. Il mourut en 1746, dix ans après sa mère.


Son fils, Charles Louis de Coston, dit de Saint Romain, capitaine au régiment de la Couronne, Chevalier de saint-Louis, fut baron de DURTAIL de 1746 à 1790.
A cette époque, les droits féodaux furent abolis ; les rentes furent remboursées en assignats, à vil prix.
Mais déjà les autres biens qu’avait possédés  Louis de Bouvier Montmeyran sur les communes de Saint Romain et de Cornas n’appartenaient plus aux De Coston.

An 1823 les ruines de DURTAIL elles mêmes furent comprises parmi les parcelles d’une ferme voisine, vendue par expropriation.
Charles Louis de Coston, qui vivait encore, ne fit pas de réclamation. Elles appartiennent aujourd’hui par prescription, au paysan acquéreur de cette ferme où à ses successeurs.

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