CHATEAU de DURTAIL
( Manuscrit du
Mialan)
DURTAIL occupe une position à peu
près semblable à celle du château d’Iserand : un mamelon isolé,
bordé de précipices, ne se rattachant aux autres rochers qui l’entourent, que
par une langue de terre, facile à défendre,
au moyen d’un fossé et de remparts.
Tous
les deux sont à peu de distance du Rhône, mais cependant hors de la vue
des voyageurs, qui suivent la rive ou qui passe en bateau.
C’était
un repaire de pillard.
Une vedette postée à peu de distance du manoir pouvait avertir le châtelain de
l’approche d’un marchand ou d’un pèlerin ;
aussitôt celui-ci, avec ses quelques malandrins, fondait sur l’étranger et le
mettait à rançon.
Les
Sires de Tournon seigneur de DURTAIL n’agissaient pas autrement. En 1268, Guillaume Ier de Tournon faillit éprouver
le même sort que Roger de CLERIEUX, dont Saint Louis avait fait raser le donjon
quelques année auparavant.
Il
rançonna une bande d’Anglais qui descendaient le
Rhône et allaient rejoindre le prince de Galles, depuis Edouard Ier,
partant pour la Terre Sainte. Le prince à son retour, en 1272, traversa le Vivarais pour aller prendre possession du trône
d’Angleterre.
Son père, Henri III, venait de mourir. Il avait gardé un vif
ressentiment de l’insulte faite à ses gens et voulait en tirer vengeance. Le Sire
de TOURNON détourna l’orage qui le menaçait, grâce à la médiation de
l’Archevêque de Vienne et de la Comtesse de Savoie.
DURTAIL était une baronnie ayant droit de haute, moyenne et basse
justice . Sa juridiction était bornée au levant par le Rhône, depuis GLUN jusqu’à l’embouchure de MIALAN, sauf la
petite seigneurie de Châteaubourg, qui formait une enclave de peu d’étendue.
Au midi elle suivait le torrent de MIALAN, puis celui de SAVEYRE jusqu’au dessous
de PENY.
De là, sa limite passait au dessus de CHABAN et descendait par le ravin du SUD jusqu’au
ruisseau de L’ARGENTIERE , d’où elle remontait en suivant son lit jusqu’au col de MACHABEE. Englobant
l’église et le presbytère de Saint Romain, elle revenait
au midi par un ravin près de NERVY, jusqu’au ruisseau de PANTUZE et le suivait
jusqu’à son confluent avec celui du BEC.
A l’ouest, elle remontait par ce dernier ruisseau et suivait
ensuite celui des SIMONDONS jusqu’à l’ancienne tuilerie des SARRASINS. Là, elle prenait
le cours du ruisseau de COMBES et arrivait au NORD jusqu’au Rhône, un peu au
dessous du village de GLUN.
La
Baronnie de DURTAIL comprenait donc : toute la commune de CORNAS, un peu
de celle de CHATEAUBOURG, la partie de celle de Saint-Peray qui est au nord de
MIALAN et de SAVEYRE et la majeure partie de celle de Saint Romain de Lerps.
Sur
cette dernière commune, le penchant de la montagne qui regarde le levant, la
partie septentrionale et une bande de terre partant du midi de l’église et se
dirigeant vers le BESSET, appartenaient à DURTAIL
Les maisons bâties au pied de la tour appartenaient à des gens de
Saint Romain de Lerps, aucun habitant de CORNAS n’y possédait de demeure.
Cela
se comprend : à Saint Romain, il n’y a pas
d’agglomération ; chaque cultivateur a sa maison isolée. Dans les époques
troublées, pendant la guerre de cent ans, par exemple, quand la France était
ravagée par les routiers, les Ecorcheurs et les Parvenus, si une bande était
signalée dans le voisinage, chaque famille venait chercher un refuge à l’ombre
de la tour, amenant son bœuf ou son âne, et laissait passer l’orage.
CORNAS, qui était un village, devait avoir un mur d’enceinte ;
on s’y barricadait ; on pouvait se prêter assistance. D’ailleurs l’espace
était bien petit.
Un
terrier de 1481 donne les noms de 15
propriétaires de Saint Romain qui avaient une maison à DURTAIL.
de
ce nombre étaient : le curé, Jean de Croze, Jean des Rioux, Claude de
Courbis, Antoine de Pommaret, Mathieu Martin, les familles de COMBES, de
CHAZAL, de BRESSIEU, etc…
On s’étonne de voir tant de monde dans un espace aussi exigu. Mais
il paraît que les maisons étaient élevées : celle de famille de
Bressieu et de Chazal avaient chacune
trois étages. On suppléait par la hauteur au défaut d’espace.
LA TOUR DE DURTAIL :
A
deux ou trois cents mètres au dessus de Châteaubourg , en longeant la
rive du Rhône, on trouve à gauche une gorge étroite, creusée par un torrent,
qui vient se jeter dans le fleuve. Si l’on remonte cette gorge, par un sentier
de chèvre, qui va s’élevant au dessus du torrent, après avoir marché moins d’un
kilomètre, on a devant soi une vieille tour, entourée de masures : c’est DURTAIL
Le
lieu est sauvage ; ce ne sont que rochers granitiques, à teinte foncée, où
croissent quelques chênes rabougris et des broussailles.
La
gorge s’est élargie, elle forme un cirque assez vaste. Du côté du levant, par
lequel on est arrivé, se détache un rocher qui s’avance, comme un promontoire,
au milieu du cirque. .Le torrent roule avec fracas à soixante dix où quatre
vingt mètres au dessous du sommet de ce massif et l’entoure de trois côtés.
Sur
ce sommet est bâtie la tour : elle octogone, construite en moellons
calcaires, d’égale dimension, de forme cubique ;
sa hauteur est de 15 mètres.
A l’intérieur elle se divise en trois étages ; le rez de
chaussée n’a pas d’ouverture ; au premier étage on aperçoit une
étroite porte en ogive. C’est par là qu’on pénétrait dans la tour, au moyen
d’une échelle ou d’un escalier extérieur. Du côté opposé, donnant sur le
précipice, se trouve un petit balcon appuyé sur des machicoulis. A
l’étage supérieur il n’y a que des meurtrières. On remarque à la base
des traces de mines ; on a voulu la faire sauter ; mais grâce à la
solidité de ses murailles de deux mètres cinquante d’épaisseur, elle n’a pas
été ébranlée et n’a rien perdu de son aplomb.
Du côté du levant, le seul par lequel on puisse arriver, se
dressent çà et là, des pans de murs, débris de vieilles habitations. Et à
l’endroit le plus étroit et le plus bas de l’isthme, on distingue des traces
d’un double rempart, qui fermait l’entrée de la presqu’île.
En 1140,
cette forteresse appartenait à un seigneur nommé Arnaud de Cristo. Il
voulut prendre part à la seconde croisade prêchée par saint Bernard.
D’après une charte qui se trouve aux archives du château de Tournon,
n’ayant d’autre date que ces mots : ante motum jérusalem, il vendit
sa seigneurie à Pierre Guillaume de
Tournon et à son fils Guillaume Astorgue moyennant quatre mille cinq
cents sols, et promis de donner sa fille en mariage à ce dernier, dans un an,.
sous condition que si Guillaume Astorgue n’avait pas d’enfants de cette
union, le vendeur rentrerait en possession de son fief, en remboursant le prix.
On
ne sait qu’elles furent les suites de ces conventions.
LES BARONS DE
DURTAIL
Le Père Colombi, dans son histoire des évêques de Valence, appelle DURTAIL, « un village, pagus Duristallii », qui
avait des rues et une place publique.
Il
semble que le seigneur avait lui-même une habitation distincte de la tour ;
car dans une transaction du 6 mai 1522,
il est question d’une maison « sise dessoubz le
fort du chasteau de Durtail , confrontant du levant, la grande porte du dit fort ; du
couchant la maison du seigneur ; de bise, le tesnement de la chapelle
qu’autrefois estait audit fort, appelée la chapelle de Saint Jean »
Les
barons de Tournon y venaient rarement ; ils étaient représentés par un châtelain.
Pendant deux siècles de 1417 à 1672, ces châtelains appartinrent presque
toujours à la famille de BOUVIER DE MONTMEYRAN.

Lorsque
COLIGNY, après la défaite de Montcontour, eut formé le projet de
transporter la guerre au nord de la Loire et fit sa chevauchée à travers
le Languedoc, il s’arrêta à DURTAIL. Ce fut sans doute, en qualité d’hôte et non en ennemi ;
quoique le seigneur du lieu et lui appartinssent aux deux partis opposés. Mais
ils étaient parents.
Blanche
de Tournon,
grand’tante de Just II, alors seigneur de Tournon, avait épousé Jacques
de Coligny, oncle de l’amiral.
Quarante huit ans après, en 1618, DURTAIL était en ruines et sa
Cour de Justice tenait ses assises à CORNAS.
Les
Bouvier de Montmeyran, longtemps châtelains, puis seigneurs de DURTAIL étaient
batailleurs.
Celui qui hérita de son oncle de LAMOTHE,
ayant un jour rencontré à la chasse le seigneur de GLUN messire de La
Barge, eut avec lui une discussion violente, qui se termina par un duel, où La Barge fut
tué.
Jean
de Montmeyran
fut accusé d’assassinat et condamné à mort par
contumace, le 7 août 1654, par
arrêt du Parlement de Grenoble.
Il s’expatria ; peu de
temps après il obtint sa grâce et rentra dans ses foyers.
Il
avait un fils, François de Montmeyran, qui fut tué à Valence en 1702, par un étudiant de l’université de cette ville, nommé
Jourdan Baron de Saint-Léger.
Les deux jeunes gens s’étaient battus en duel au sabre, au sortir
d’une visite en Monsieur de BAYANNE, parce qu’ils prétendaient tous les deux
aux bonnes grâces de Mlle De Bayanne.
Les
De Coston avaient la tête chaude comme les Montmeyran :
.Le fils de Louise de Bouvier, Jean Charles de Coston, mourut
jeune encore, à Valence, en 1746, des
suites d’un coup d’épée reçu l’année
précédente.
Son
fils, Charles Louis, mourut très âgé, en 1837,
après une vie assez accidentée. Il fut le dernier seigneur de DURTAIL ;
la tourmente révolutionnaire faillit lui coûter la vie.
Bien qu’il eut apporté ses titres féodaux sur la place publique de
Saint Peray, où ils furent livrés aux flammes, il n’en fut pas moins déclaré suspect et emprisonné.
La chûte de Robespierre le sauva. En 1796, il succéda à
Grangeon comme juge de paix du canton de Saint-Peray ; il exerça ces
fonctions jusqu’en 1799 et fut remplacé par Jean-François de Taule-Faure, homme de
loye.
Il
eut un fils, François Gilibert de Coston, qui embrassa la carrière
militaire, dans l’arme de l’artillerie.
Il
fit la campagne d’Egypte et
laissa un bras à ABOUKIR ; ce qui ne l’empêcha pas de servir
jusqu’en 1814.
L’Empereur le nomma Officier de la Légion d’Honneur et par un décret rendu à Dresde le 5 juillet 1813, baron de
l’Empire.
Il
passa les dernières années de sa vie dans sa propriété des THEVENINS,
près de Valence et publia en 1840 une
histoire des premières années de Napoléon.

DURTAIL- EVECHE DE VALENCE
Au
XIIème siècle, le fief de
DURTAIL, appartenait à l’évêché de Valence. Le 20
décembre 1217 l’évêque HUMBERT de MIRABEL le céda à Guy Ier
baron de Tournon :, petit fils de Guillaume Astorgue, pour le
payer des services qu’il lui avait rendu, en l’aidant à combattre GONTARD
seigneur de Chabeuil.
Depuis
lors, DURTAIL appartint aux sires de Tournon jusqu’à l’extinction
de la branche aînée de cette famille, en 1644.
Mais avant cette époque la tour et les maisons étaient en ruines.
Cette destruction précéda celle de Crussol et ne fut pas l’œuvre de
RICHELIEU ; car dès 1618, la Cour de Justice de DURTAIL avait été
transférée à CORNAS parce que le château était inhabitable.
Après
la mort de Just-Louis II de Tournon, cette seigneurie ainsi que tous les
autres biens délaissés par lui passèrent à Marguerite de Montmorency
duchesse de Ventadour son aïeule maternelle .
En 1672,
Henri et Charles de LEVY Ventadour fils de Marguerite de Montmorency
vendirent au prix de 33000 livres, la
terre de Durtail et ses dépendances à noble Claude Teste Ferrand de LAMOTHE,
habitant de Saint-Péray.
Celui-çi mourut sans enfants, en 1682, laissant toute sa fortune à son neveu Jean de
Bouvier de MONTMEYRAN, qui était châtelain de DURTAIL, en 1672, au moment où il en avait fait l’acquisition.
Montmeyran, mort en 1712, avait deux filles, dont l’une Louise,
avait épousé en 1682, noble Claude François
de Coston, major de la ville et de la citadelle de Valence.
De
ce mariage naquirent deux enfants, François et Jean-Charles de Coston. François,
l’aîné, eut pour sa part tous les biens que possédait sa mère dans le comté de CRUSSOL ;
le cadet, Jean-Charles, dit de Saint Romain, capitaine au
régiment de Monaco, hérita de la seigneurie de DURTAIL, du domaine de CHABAN
et d’une maison à CORNAS, appelée la TOUR. Il mourut en 1746,
dix ans après sa mère.
Son
fils, Charles Louis de Coston, dit de Saint Romain, capitaine au
régiment de la Couronne, Chevalier de saint-Louis, fut
baron de DURTAIL de 1746 à 1790.
A
cette époque, les droits féodaux furent abolis ; les rentes furent
remboursées en assignats, à vil prix.
Mais
déjà les autres biens qu’avait possédés Louis
de Bouvier Montmeyran sur les communes de Saint Romain et de Cornas
n’appartenaient plus aux De Coston.
An 1823 les ruines de DURTAIL elles mêmes furent comprises parmi les
parcelles d’une ferme voisine, vendue par expropriation.
Charles Louis de Coston, qui vivait encore, ne fit pas de
réclamation. Elles appartiennent aujourd’hui par prescription, au paysan
acquéreur de cette ferme où à ses successeurs.
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