dimanche 30 septembre 2012


Saint Martin de Galezas
1000 ans d’histoire
Sa Fontaine Miraculeuse



Le premier document, infiniment précieux, trouvé dans le cartulaire de l'abbaye St Chaffre du Monastier et souvent reproduit, est un acte de vente, dont voici la traduction :

« Dans le temps qui suit (974), pendant que l'abbé Vuigon gouvernait le monastère, un certain Robert et sa femme Théoburge ont donné dans le territoire appelé St­ Marcel de Milhosco, de la vignerie de Soyons, tout ce qu'ils possédaient ; et dans un autre territoire appelé Artis, qui est sous le château de Crussol, tout ce qu'ils possédaient et avaient ; ils l'ont donné intégralement à Dieu et à St Chaffre, à condition d'envoyer, tous les trois ans, une certaine somme à St Pierre de Rome. Dans le territoire appelé Galesciano (Galezas), ils ont donné la moitié de l'église de St Martin et dans le pays du Velay (?) appelé Montusclat la moitié d'une manse avec un moulin ».

Le document nous apprend que, au milieu du Xème siècle, existait une chapelle dédiée à St Martin, apôtre de la Gaule, au lieu de Galezas.

Il semble que les Bénédictins de la puissante abbaye du Monastier, fondée au VIIème siècle par Caméliar, duc d'Aquitaine et placée sous le patronage de St Theoffred ou St Chaffre, soient à l'origine du pèlerinage de St Martin.

La fontaine miraculeuse :







La légende voulant qu’elle fisse des miracles
La fontine attirait de nombreux pèlerins
La foi de nos anciens balayant les obstacles
On venait de très loin prier à Saint-Martin

Le miracle eut bien lieu, il y a fort longtemps
de sa notoriété tirant quelques ressources
Naquit une chapelle de pur style roman
Sanctifiant ainsi les bienfaits de la source

Sa voûte de plein cintre, a traversé les âges
et son unique nef,  dénuée de décor
Malgré un Saint Mitré venu du Moyen-âge
A gardé la rigueur des monuments d’alors

Les pierres patinées de la vielle bâtisse
Sont les mêmes que celles des fermes du pays,
Si ce n’était la cloche symbole de l’édifice
On pourrait la confondre avec la bergerie

On ne croit plus vraiment aux vertus des fontaines
Fussent-elles bénies par un Saint très connu
On ne croit plus , aux légendes anciennes
Dans le pays blasé que l’on est devenu !




Ref : H Chareyron
Poésie de Mr  G Dernelle

samedi 29 septembre 2012



Audoyer baron de Bozas


Les «  Audeyer » sont des gens de fort bonne noblesse, exclusivement de robe.

Ils sont excellents dans les conseils et non dans les faits d’armes. Ce sont des hommes de justice et de négociations, leur savoir, leurs talents, leur naissance en font les conseillers écoutés de la noblesse.

Claude Expilly vante en ses plaidoyers le logis de messire Jean-Claude Audeyer parmi les plus belles demeures de Grenoble :
« Messire’ Jean Claude Audeyer, président au Parlement dont le savoir et la mémoire sont admirables, haussa, agrandit et orna son logis autant que le lieu pust souffrir »

Ils acquièrent de nombreuses terres, à  Jarris, Bresson et Echirolles, à Mens, à la Buissière en Dauphiné, à Bozas, Rochefort, Trémolet, Burzet, Châteauneuf, Montbel en Vivarais ;

Le troc paraît puissant ; mais il est dépourvu de  racine et tombe peu à peu en roture,  Jacques Audoyer, fils d’Antoine Audeyer et de Magdeleine Arnaud, fille d’un notaire de Burzet. Il fut poursuivi, en 1698, pour usurpation de noblesse, ayant perdu sa fortune et ne pouvant maintenir son rang, il se laissa condamné par défaut.
Ou en « quenouille » tel est le cas de Jean Audoyer, époux de François de Bazemont, président au Parlement de Dauphiné, il n’eut qu’une fille, Anne Audeyer, qui épousa François de Simiane de la Coste

Antoine Adeyer  conseiller et maître d’hôtel du roi Henri II, avait la confiance de Diane de Poitiers. Il obtint, par lettres patentes du 7 octobre 1553, de prendre à ferme, sans déroger à sa noblesse, tous les baux, droits, revenus et émoluments appartenant à Diane. Il ,était déjà fermier du tirage du sel en Dauphiné et réalisa par ces deux opérations des bénéfices considérables.

Dans le même temps, il se rendait propriétaires de nombreuses terres en Velay et en Vivarais ; il acquérait les seigneuries de Bozas de messire Gaspard de Montmorin, de Rochefort, de Dayras, du Fau, du Vernet, de Moulins, etc. Il obtint du roi Charles IX l’établissement d’une foire à St Félicien et s’institua  baron de Bozas.

Il avait pousé en 1558, Claudine de Blou, fille de Jean de Blou, seigneur de Précis et de Claudine de Pellet. Il testa le 2 avril 1572.Après son décès, la terre de Bozas était revendue par sa veuve pour Vingt-neuf mille livres à messire Bernard de Robiac ; ses deux fils ports en bas âge, son immense fortune passa par substitution à un fils de son frère Alexandre

Antoine II, fils d’Alexandre et Michelle Vallier de Quirieux se fixa en Vivarais il épousa Anrtoinette de Châteauneuf, fille unique de messire Gervais de châteauneuf, qui lui donna 17 enfants plus les terres de Montbel ( paroisse de St Paul de Tartas), Châteauneuf ( paroisse de St Julien en en Boutières), Le Cros ( paroisse de La Fare)

Il n’est pas fortune qui puisse nourrir une telle progéniture. Lentement les descendants, durant le XVIIème siècle, peuplent les misérables manoirs de la montagne du Haut-Vivarais et  lentement tombent dans l’oubli ou disparaissent


REF

Michel de Chazotte
Auguste le Sourd
Mazon
Revue du Vivarais
Comte du Besset
D’après le document de  Pierre Saint Olive, transmis par Philippe B

mardi 25 septembre 2012


                                   Hameau de La Pra commune de Saint Basile


Josserand de Lapra vivait en 1536 fut père de :

 - Durand de Lapra, lequel tenait  son domaine de La Pra en fief noble  du seigneur de
Retourtour, il aurait eu au moins 7 enfants, dont

- Michel de Lapra qui continua la descendance
- Claude de Lapra qui épousa le 3 avril 1541,Gaspard de l’Hermuzieres  fils de Bernardin de
l’Hermuzieres
- Gabrielle de Lapra qui fut mariée à Claude Escoffier ,gouverneur

-Guillaume de La Pra, huguenots de Désaignes, commandait en 1562 une garnison d’évangéliste, à cette même époque  Antoine de la Tour, baron de Saint Vidal et de   Goudet, comte de Beaufort, capitaine de 50 lances, commandait à Saint Agrève une garnison de papiste. Par trois fois il tenta de prendre Désaignes sans y parenir. Le chef La Pra trahit et livra la ville vide de sa garnison et de ses habitants . Saint Vidal y resta du jeudi au samedi et partit après avoir tout pillé.

- Au rôle de l’arrière ban de 1596 est Michel de Lapra,

- Gaspard de Lapra, seigneur dudit lieu de Lapra, coseigneur de la baronnie de Retourtour, qui en
1665, habitait en sa maison forte de Lapra, mandement de Chalencon. Il avait épousé Dlle Jeanne de
Barjac ( liass 4-onil transat)

-ooOoo-

Gonod de La Pra

Les Conod de la Pra, assignés aux Recherches furent condamnés.

Cette famille étrangère au pays, dut venir en Viva­rais avec les troupes engagées dans les guerres religieuses.
Pierre Gonod, capitaine d’une compagnie de gens de pied, se fixa à la Pra, du fait de son premier mariage avec Marie de Montjeu de la Pra, héritière de sa maison, fille de Jacques de la Pra et d’Espérance de Burin de Payol.

Il se remaria le 11 janvier 1679 avec Françoise de Montagnac, veuve de Gaspard de l’Hermuzière, sieur de Mar­connet, paroisse de Rochepaule, qui avait10.000 livresde dot, près d’un million 1/2 d’aujourd’hui ! Il n’eut pas d’enfant de celle‑ci, tandis qu’il en avait eu 8 de Marie de la Pra, entre autres, Gaspard, mort assassiné au début d’octobre 1681, qui avait épousé Marie‑Madeleine de Chazaux, soeur de Claude, et François, mort
au service du roi en 1692, après s’être marié le 11 janvier 1679 à Hélène de l’Hermuzière.

De très brillante, la situation devint fort mauvaise. Ils vendirent peu à peu leurs domaines dont le Rochain, fief qui leur venait des Burin et les filles épousèrent non des bourgeois mais des paysans.

Ils cessent d’être représentés à Désaignes au milieu du XVIIIéme siècle


Famille Gaillard

Cette famille d’ origine bourgeoise de Désaignes, aurait été anoblie en la personne de Barthelemy Gaillard en 1783, seigneur de la Tourette, conseiller du roi en la Sénéchaussée d’Annonay épousa Jeanne Marie Madeleine du Bénéfice de Cheylus et releva son nom, posséda de nombreux bien , entre autres : Bel-Air, Mounens, Chantal, Chantepoule, Rochain, etc …..

Le premier connu est notaire à La Pra, père de Pierre Gaillard, notaire à Désaignes, marié à Jeanne Cholat, d’où deux enfants, dont :

- Barthelemy Gaillard x Jeanne Isabeau Fourés,
d’où :
- Jacques Gaillard la Chau, lieutenant juge de Désaignes en 1664 x Catherine Beyguet, de Gilhoc

d’où :
- Jeanne Marie Gaillard mariée en 12/03/1696, à Isaac d’Arbalestrier de la Gardette,, ils se fixent à La Pra, domaine acquit par son beau-père en 1726 des Gonod.
-Isaac d’Arbalestrier résidait à Désaignes. Par ce mariage, La Pra tomba dans les  La Gardette
Isaac d’arbalestrier de la Gardette,  était fils de Gaspard d’Arbalestrier, sgr de la Gardette et de Dame Charlotte d’Armand, de Luz la Croix Haute. Il hérite de 01/06/1713 de Jean  Michalon, prêtre de Désaignes.
« sa belle-famille avait été persécutée pour religion, notamment deux des oncles de sa femme. Mais son beau-père semble y avoir échappé ( peut être était-il moins fervent huguenot que ses frères). Isaac, pourtant élevé dans la foi réformée ( son prénom en témoigne) s’est converti avant son mariage, probablement vers 1685 et vers 1700 s’est retrouvé capitaine de la milice catholique »
Achète le domaine de Mounens près Lapra


Lors des guerres de religion, le 30 avril 1752, à l’occasion d’une assemblée protestantes à Magnon, près St Basile, un détachement de dragons, fit prisonnier 3 hommes et trois femmes, deux ou  trois cent religionnaires attaquèrent  les dragons à La Pra  et libérèrent les prisonniers

Construit entre 1855 et 1858 le temple de Lapras eut comme premier pasteur, Pierre Raymond Ladrey, né en 1771 à la Grange de Bosc, commune de Saint Prix, fit ses études à Lausanne, consacré le 11 août 1793, il mourut en 1832.Léon Chave, originaire du Mazet Saint Moy assura le ministére de 1858 au 28 juillet 1891.et fut le dernier pasteur résident à Lapras

Ref :    Du Dolier
Charles du Besset
Armorial du Vivarais
Samul Mours

dimanche 23 septembre 2012

SAINT ALBAN EN MONTAGNE
SA GROTTE
La Famille d’Albon de la Roussière


La lettre du Curé de Saint Alban en Montagne à Dom Bourette, constate qu'il existe à
poximité du village, dans un endroit de l'accès le plus difficile, une caverne taillée dans le roc
pouvant contenir environ 300 personnes. " on croit ,dit-il que les habitant de St Alban
et des paroisses voisines ont fait cet ouvrage, dans le temps des "guerre civiles" pour y mettre
en sûreté leurs effets les plus précieux. Il est probable que par guerres civiles, le curé à
voulu dire les guerres du 14° et 15° siècles, qui ont sévi dans cette région bien plus que les
guerres religieuses du siècle suivant; dans tous les cas, vu l'ignorance où l'on était, au siècle
dernier, de l'origine d'un pareil reguge, il semble plus raisonnable de la reculer au temps des
compagnies. ( au lieu dit : Fouont-Guberteyrado)

Dans une lettre du Marquis de Jovyac à Dom Bourotte, curé de st Alban en Montagne
en date du 11 juin 1764 : " Que de criminels échappaient à ces cours de justice !

le manque de routes, de prévôté et surtout la crainte de représailles laissaient courir bien du
gibier de potence. Mr De Jovyac, assurait que Mr Dulac, grand prévôt de Vivarais, lui avait dit
qu'il y avait en ce pays plus de 600 hommes qui méritaient la mort, qu'il n'y avait que huit cas
qu'il pouvait juger, et qu'au moyen de ce il arrivait je ne sais combien d'assassins sont il ne
pouvait connaitre et qui restaient impunis"



Noble Antoine de la Roussière, fils de Pierre, premier rameau de Philippe de Lévis.
Antoine de la Roussière, écuyer du roi, testa le 22 mai 1558 et élit sépulture au cimetière de
St Andéol de Bourlec où il habite ou dans le cimetière de Mayres, s'il vient à décéder à Mayres
Il convoque vingt prêtres à ses funérailles et lègue à sa femme Jeanne Laugier, une pièce de sa
maison de Mayres.

Vient ensuite NOBLE MICHEL qui habitait Mayres le 18 avril 1587 date de son testament.
Il demande à reposer au tombeau de ses prédécesseurs et nomme demoiselle Louise Guaiffier,
sa femme et Firmin de la Rossière, son oncle, prieur de St Alban en Montagne. Au cas 
 ou sa femme ne pourrait habiter avec son fils Marc, son héritier, il lui lègue les revenus de son
domaine de Fraisse, au bénéfice, paroisse de St Andéol de Bourlenc. Michel mourut un an ou
deux après son testament

De sa descendance, naquit Louis fils de Jean Baptiste D'Albon, mariée à Judith de Tholosse,
fille de Jacques, notaire à Vals, qui lui apporta en dot le château de Beauregard.
Louis, fut plus tard prieur de St Alban en Montagne, mais mourut jeune.





A chaque génération connue, la famille d'ALBON ( Mayres et non en Dauphiné) donne un prêtre
à l'église, qui devient : prieur de Saint Alban en Montagne

Le premier en date est JEAN d'ALBON de la ROSSIERE, frère de Marc; Tonsuré le 7 janvier
1606. Dispensé d'irrégularité,( ob defectum oculi sinistri),occupe dès 1596 le prieuré de Saint-Alban
en MONTAGNE, à la suite d'une cession à lui faite par jean Gibourle, prêtre de Mayres
le 24 mars 1637 ( sans doute pour subvenir aux besoins de ses neveux et nièces, orphelins de
père) il arrente à la Maréchale d'ORNANO la seigneurie de Mayres.

le 20 octobre 1687, il sous-arrente à la métairie de Champlonge, moyennant la somme de 200
livres argent, 40 livres beurre et 40 livres ftromage. Comme procureur de son frère Marc et
Marguerite de Tholoze sa belle-soeur, il signe des quittances à Mayres le 12 juin 1638 et le
13 août 1644 au château d'Aubenas



Alban de la Rossière, prieur commendataire du prieuré simple de St ALBAN en MONTAGNE,
dépendant du prieuré conventuel de LANGOGNE, ordre de SAINT BENOIT, donne procuration
pour résigner ledit bénéfice en faveur de son neveu, Louis de le Rossière, clerc tonsuré, fils
de Jean Baptiste.

Alban de la Rossière, mourut pauvre, même très pauvre



Le 20 Avril 1690, il teste en sa qualité de " Jadis prieur de SAINT-ALBAN". Il demande à être
enterré dans la chapelle de st Jean Baptiste de l'Eglise de Mayres, tombeau de ses
prédécesseurs. Aux pauvres de Mayres, il lègue 20 livres distribuables en pain, 30 livres aux
prédécesseurs. Aux pauvres de Mayres, il lègue 20 livres distribuables en pain, 30 livres aux
pénitents du St Sacrement et 3 livres à l'église de SAINT ALBAN EN MONTAGNE
Il institue comme héritier, ses neveux Louis, prieur de St Alban et François seigneur de
Beauregard


Noble Louis de la Rossière, prieur commandataire de St Alban En Montagne, paye 16S à Suzanne Trait du Travers, paroisse de Mayres qu’il lui devait, devant M° Rousset, notaire le 17 septembre de l’an 1680
Il remet  certains revenus à son frère J.F de la Rossière ( testament 1085/15


Il a été reconnu à la mission de St Alban qui eut lieu au mois de mai 1830 que le clocher de
l'église de St Alban fut fondé en 814 et reconstruit en 1224.

La date se voit à la pierre qui est vis à vis de  la cloche qui fut fondue en 1660. Ce qui
prouve que l'église de St Alban fut fondée depuis 1016 ans  et reconstruite en 1224


1307,4 juin. TRESPIS



Contestation entre Raimond (III), abbé de MAZAN,et Mre FOULQUE FULCI,recteur de
SAINT-ALBAN en Montagne.

Les dîmes et prémices des blés croissant dans le terroir de la Pierre de MONTALAFIA, ainsi
que celles des agneaux nés ou à naître appartenaient suivant le recteur à son église .


L'Abbé soutenait que ce terroir ne faisait pas partie de la paroisse de SAINT-ALBAN, que
d'ailleurs il devait êtres exempt de la prestation des dîmes en vertu du privilège pontifical
La médiation de Jaucelm DE CHANALEILLES , cellerier du monastère et de M° Pierre de
GLORIA  recteur de l'église du CELLIER DE LUC, amène le règlement suivant :

Les dîmes et prémices des blés et autres récoltes seront perçues par l'abbé  et le monastère
Le mas sera à perpétuité de la paroisse et de la juridiction paroissiale de ladite église.
Les dîmes et mes agneaux et des cochons de lait appartiendront au recteur, qui lèvera
ces dîmes comme recteur de l'église de COUCOURON, savoir :

Un pain de Noël par feu, une hanche de porc ou une tête et une cuisse de porc par an et tout
ce que l'église de COUCOURON a coutume de recevoir des hommes du monastère à TRESPIS
en raison de leurs fiançailles ou pour tout autre motif.



L'abbé devra faire ratifier l'accord par les habitants et le recteur, par l'Evêque de VIVIERS
ainsi que par le prieur du prieuré de LANGOGNE,

signé : Guillaume Torenche, notaire.



Ref ;

Mazon
Revue du Vivarais
De Gidord
Benoit d’Entrevaux
Abbé Chabannel
Abbé Terme
AD
Divers

samedi 22 septembre 2012


HISTOIRE DE JUVENTIN
( Manuscrit du Mialan)


Juventin a appartenu pendant plusieurs générations à une famille portant le même nom ; qui l’habitait peu, à cause de sa situation reculée.
Les Juventin étaient lettrés ; quoique bons protestants, ils avaient adopté les idées du XVIIIème siècle.

Leur séjour à la ville, s’il fut utile à leur culture intellectuelle, nuisit à leur fortune ; ils étaient obérés. Lors de la création des droits réunis, le dernier représentant mâle de cette famille suivit l’exemple de tant d’autres ruinés et obtint un emploi dans cette administration.

Il fut nommé  ce qu’on appelait alors Entrepreneur de tabacs. Ses appointements lui permirent de vivre et de  donner une excellente éducation  à sa fille, personne accomplie, autant par sa beauté que par ses qualités morales, mais ne furent pas suffisants pour dégrever le domaine de Juventin des hypothèques dont il était criblé.

Il fallut se résigner à vendre. Pendant dix ans, de 1820 à 1830, il chercha des acquéreurs, baissant successivement son prix.

La propriété était alors affermée 6000 frs. Il  demanda 150, puis 130.000 frs

Vers 1834 ou 35, se présenta un étranger de belle apparence, nommé Lesieur, pas beau de visage, noir comme une taupe, mais de tournure distinguée, à la physionomie intelligente, et possédant une femme belle, avec un air réservé et aristocratique.

Ils venaient du nord de la France. Le mari faisait le commerce des propriétés ; il avait rencontré en dernier lieu une très bonne affaire : acheté  une vaste étendue de terrains, qu’il allait revendre en détail, et dont il comptait retirer de gros bénéfices.

Dès lors, avec ses goûts modestes, sa fortune était faite ; s’il achetait Juventin, c’était pour s’y fixer ; il voulait habiter le midi.

Juventin lui fut cédé au prix de 110.000 frs. Comme ses capitaux étaient engagés dans la grosse spéculation qu’il manipulait dans le nord, il ne paya rien comptant au vendeur ; il ne déboursa que les droits d’enregistrement du contrat s’élevant à 6000 frs.

On s’installa aussitôt à Juventin ; sa femme était tantôt à la campagne tantôt à Valence ; lui allait et venait, du nord au midi.

Ils étaient  en  relations intimes avec un officier d’artillerie en garnison à Valence.

Le capitaine Robert accompagnait souvent Mme Lesieur à Juventin, même quand le mari était absent.
Cela fit un peu jaser. Mais cette femme avait un air si distingué, que la médisance ne produisit aucun effet fâcheux.

Les coupes sombres opérées dans les bois de Juventin gâtèrent tout.

Un certain Boissy, connu sous le nom de Boissy l’incendiaire, parce qu’il faisait des recouvrements pour une compagnie d’assurances contre l’incendie, parcourait ces montagnes ; il s’aperçut que le nouveau propriétaire faisait coupes sur coupes ; il cria partout que Mr Lesieur dévastait les bois de Juventin.

On ouvrit les yeux ; on s’informa, Lesieur ne possédait aucune propriété dans le nord ; c’était un aventurier ; même un escroc ; puisqu’il fut condamné par la cour d’assises de la Drôme à vingt ans de réclusion, qu’il alla subir à la prison centrale d’Embrun.

La belle Mme Lesieur n’était qu’une modiste, une simple associée . Elle resta  encore quelques temps à Valence, dans un galetas, pour régler les affaires de son époux, puis elle disparut.

Le capitaine Robert est devenu le Général Robert, un des députés les plus cléricaux de l’Assemblée Nationale de 1871.

Mr Juventin repris tout penaud, son domaine et le vendit quelques temps après à Mr Fayard, juge à Lyon, un acquéreur solide  cette fois, mais qui ne lui donna que 100.000 frs

Mr Juventin était grand, maigre, sec, fort honnête homme ; on le voyait passer à cheval, allant à Juventin ou en revenant. Quand il n’était pas monté sur son « bucéphale », il n’en était pas moins éperonné.

Mlle Juventin, fut mariée vers 1810 à Mr Sabarot habitant aux Granges les Valence  dans la maison occupée au XVIème  et au XVIIème siècle par le notaire Pierre Petit et par la famille Vaucance.

Sabarot était un dissipateur, il mourut vers 1830, sans postérité, léguant à sa femme un succession assez embarrassée.
Mme Sabarot avait connu dès son enfance, dans la maison de son père et plus tard dans celle de son mari, les ennuis de la gêne causée par l’imprévoyance ; elle sut par l’ordre et l’économie liquider cette situation. Elle paya toutes les dettes de son mari, sans aliéner aucune de ses propriétés.

Elle n’était pas avare pour autant ; elle était toujours mise avec élégance et bon goût ; sa maison, était tenue sur un bon pied ; quand elle recevait des étrangers, on y faisait bonne chère ; le buffet de la salle à manger était toujours garni de friandises ; ses confitures étaient délicieuses.

On ne peut lui reprocher que d’avoir fait usage jusqu’à la fin de sa vie de la voiture qu’elle avait trouvé dans la succession de son mari.
Celui-ci s’était pourvu d’une voiture dans un moment mal choisi. La guimbarde se composait d’un siège placé de côté, dans la longueur pouvant recevoir trois personnes ; qui n’étaient pas garanties du vent  et de la pluie que par des rideaux de cuir.

Par le mauvais temps, si le vent était debout, en poupe ou à tribord, on se préservait à la rigueur ; mais s’il était à babord, même en louvoyant, la place n’était pas tenable.

Conduite par Jean, son domestique de confiance, Mme Sabarot allait à ses affaires ou au temple à Valence, dans son antique véhicule !
Quand elle descendait de là, ;on eut dit une reine qui s’était égarée dans la forêt voisine et avait rencontré l’équipage d’une sorcière.
Elle pouvait d’autant plus se permettre l’achat d’une jolie voiture, qu’elle se privait pour des collatéraux éloignés et très avides.

Malgré la voiture, c’était une femme remarquable par ses qualités, une chrétienne éclairée et tolérante, sa noble figure respirait l’affabilité et la bonté. Elle fut jeune et belle jusqu’à son dernier jour.

                                                                                              (Manuscrit du Mialan)