mardi 28 août 2012


LE Besset- Saint Romain de Lerps
(manuscrit M.Coissieux)






Ls Besset est un petit château, situé sur la commune de Saint Romain de Lerps, qui dépendait autrefois du mandement de la Bâtie de Crussol.
Il n’offre pas grande apparence ; n’est pas perché, mais il est fort ancien et rappelle quelques souvenirs.

De 1433 à 1578, il appartint à une famille portant le nom de Vernoux. Les Vernoux étaient nobles, mais sans juridiction ; leur habitation s’appelait une maison forte.
Mr Martineau, notaire à Tournon, recevant le testament de Antoine Vernoux, le 6 septembre 1578, expose, que le testateur, « escuyer, seigneur du Besset et du Monestier étant malade dans son lit, et maison forte du Besset… a fait les legs suivants…
Ces legs sont nombreux, tant au profit des pauvres, qu’en celui du clergé : 60 prêtres seront convoqués à son enterrement, quarantaine et bout de l’an, et recevront chacun cinq sols  à chascune joys »

De 1600 à 1720, le Besset appartint à la maison de la Blache.

De 1720 à 1740, à une famille du Besset de Beauchastel et à Charles Chambaud de Charmes
par mariage avec une fille du Besset dont la mère était une Barjac de Rocoules, de St Peray
Chambaud, originaire de Charmes devint du chef de sa femme, propriétaire du château du Besset, en même temps il possédait Sauvas comme héritier de son père.

Son fils ayant le même prénom que lui, périt tragiquement en 1740. Revenant de Tournon, son cheval s’emporta et le précipita au bas d’un pont. La fin prématurée de ce jeune homme qu’attendait une assez belle fortune et qui était sur le point de se marier, produisit une vive sensation
On composa sur cette mort tragique une complainte larmoyante, qui fut psalmodié durant 50 ans par le populaire. Il fallut les événement bien plus frappants de la fin du siècle pour la faire oublier.
Madame Chambaud, qui hérita de son fils, vendit le domaine du Besset à Mr de Reboulet D’Archenesche et vint habiter à Sauvas avec sa mère, qui était une De Barjac. Ces deux dames vécurent là assez longtemps et moururent à peu de distance l’une de l’autre.
Madame Chambaud légua Sauvas à son cousin De Barjac de Saint Peray, qui n’était pas riche et avait une nombreuse famille, trois fils et deux filles.


De 1740 à 1782, à noble de Reboulet d’Archenesche, baron de Rochebloine et de Pailharès.
Celui-ci refusait de servir une rente annuelle léguée aux pauvres de Saint Romain par Antoine de Vernoux, consistant en six sestiers de seigle convertis en pain cuit, trois barraux de vin claret, un lard valant deux écus d’or, trois quartes sel et le potage de  riz ou fève emportant.

La Cour Royale d’Annonay le condamna  à payer la rente, outre les arrérages échus estimés 1260 livres en 1780.

Le Besset fut acheté en 1782, par Reymond Terras, avocat au parlement de Toulouse, qui fut  pendant la révolution vice président du Directoire dans le District du Mézenc séant à Tournon.
Son fils Etienne André Terras étant mort sans postérité, cette terre a été achetée par Ferdinand Malet ,de Saint Peray


ANECDOTE :

Les deux générations de Terras, qui se sont succédées au Besset, ont laissé de très bons souvenirs dans le pays.
C’était de braves gens. Le premier quoique protestant et membre du Directoire du District, donnait asile aux prêtres catholiques sous la terreur.
Il faillit être victime de sa générosité ; on le dénonça ; mais cette délation n’eut pas de suites fâcheuses

Sa femme fut un type : on parlera longtemps à Saint Romain de Madame de Terras du Besset. Grande et maigre comme  Meg  Mérillies, elle fumait la pipe comme la sorcière écossaise. Mais au lieu d’une robe rouge, elle portait toujours une robe blanche, ou censée telle !..

Elle avait fait placer dans sa cuisine une sorte de  trône, auquel on accédait par deux marches ; une balustrade entourait ce petit monument.

Dès le petit matin, Mme Terras, vêtue de blanc, pénétrait dans l’enceinte réservée, gravissait les deux marches  et prenait place dans son fauteuil. De là, elle promenait ses regards sur son domaine, admonestait ses servantes et faisait marcher tout son monde.
Elle était fort charitable. Il y avait toujours devant  le feu une grande marmite, appelée  « marmite des pauvres »
Les mendiants  entraient au Besset comme à l’auberge ; ils étaient bien accueillis ; ils s’asseyaient  sans en être priés, à la table de la cuisine ; et aussitôt on plaçait devant eux une écuelle de grande taille, remplie de soupe fumante.
Pendant ce temps, Madame Terras bourrait sa pipe, l’allumait et dés que le mendiant avait vidé son écuelle, elle lui adressait des questions sur la tournée qu’il venait de faire, sur ce qui se passait de ce côté là.
Le paysan voyageur qu’on  interroge, sent son importance, il raconte lentement, avec des réticences qui semblent cacher des mystères.
Madame Terras multipliait les questions ; elle avait quelquefois le temps de fumer une seconde pipe, avant que sa curiosité soit satisfaite.

Si les nouvelles étaient intéressantes elle faisait servir au mendiant un verre de vin, et l’on se séparait.

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