LE Besset- Saint Romain de
Lerps
(manuscrit M.Coissieux)
Ls Besset est un
petit château, situé sur la commune de Saint Romain de Lerps, qui
dépendait autrefois du mandement de la Bâtie de Crussol.
Il n’offre pas grande
apparence ; n’est pas perché, mais il est fort ancien et rappelle quelques
souvenirs.
De 1433
à 1578, il appartint à une famille portant le nom de Vernoux. Les
Vernoux étaient nobles, mais sans juridiction ; leur habitation
s’appelait une maison forte.
Mr Martineau, notaire à Tournon,
recevant le testament de Antoine Vernoux, le 6
septembre 1578, expose, que le testateur, « escuyer,
seigneur du Besset et du Monestier étant malade dans son lit, et maison forte
du Besset… a fait les legs suivants…
Ces legs sont
nombreux, tant au profit des pauvres, qu’en celui du clergé : 60 prêtres
seront convoqués à son enterrement, quarantaine et bout de l’an, et recevront
chacun cinq sols à chascune joys »
De 1600 à 1720, le Besset appartint à la
maison de la Blache.
De 1720 à 1740, à une famille du Besset de
Beauchastel et à Charles Chambaud de Charmes
par mariage avec une fille du
Besset dont la mère était une Barjac de Rocoules, de St Peray
Chambaud, originaire de Charmes devint
du chef de sa femme, propriétaire du château du Besset, en même temps il
possédait Sauvas comme héritier de son père.
Son fils ayant le même
prénom que lui, périt tragiquement en 1740.
Revenant de Tournon, son cheval s’emporta et le précipita au bas d’un
pont. La fin prématurée de ce jeune homme qu’attendait une assez belle fortune
et qui était sur le point de se marier, produisit une vive sensation
On composa sur cette mort
tragique une complainte larmoyante, qui fut psalmodié durant 50 ans par le populaire. Il fallut les événement bien
plus frappants de la fin du siècle pour la faire oublier.
Madame Chambaud, qui
hérita de son fils, vendit le domaine du Besset à Mr de Reboulet
D’Archenesche et vint habiter à Sauvas avec sa mère, qui était une De
Barjac. Ces deux dames vécurent là assez longtemps et moururent à peu de
distance l’une de l’autre.
Madame Chambaud légua Sauvas à son
cousin De Barjac de Saint Peray, qui n’était pas riche et avait
une nombreuse famille, trois fils et deux filles.
De 1740
à 1782, à noble de Reboulet d’Archenesche, baron de Rochebloine
et de Pailharès.
Celui-ci refusait de servir
une rente annuelle léguée aux pauvres de Saint Romain par Antoine de
Vernoux, consistant en six sestiers de
seigle convertis en pain cuit, trois barraux de
vin claret, un lard valant deux écus d’or, trois quartes
sel et le potage de riz ou fève
emportant.
La Cour Royale d’Annonay
le condamna à payer la rente, outre les
arrérages échus estimés 1260 livres en 1780.
Le Besset fut acheté
en 1782, par Reymond Terras, avocat au
parlement de Toulouse, qui fut
pendant la révolution vice président du Directoire dans le District
du Mézenc séant à Tournon.
Son fils Etienne André
Terras étant mort sans postérité, cette terre a été achetée par Ferdinand
Malet ,de Saint Peray
ANECDOTE :
Les deux générations de Terras,
qui se sont succédées au Besset, ont laissé de très bons souvenirs dans
le pays.
C’était de braves gens. Le
premier quoique protestant et membre du Directoire du District, donnait asile
aux prêtres catholiques sous la terreur.
Il faillit être victime de
sa générosité ; on le dénonça ; mais cette délation n’eut pas de
suites fâcheuses
Sa femme fut un type :
on parlera longtemps à Saint Romain de Madame de Terras du Besset.
Grande et maigre comme Meg Mérillies, elle fumait la pipe comme la sorcière écossaise. Mais au lieu d’une robe rouge, elle portait toujours une robe blanche, ou censée telle !..
Elle avait fait
placer dans sa cuisine une sorte de
trône, auquel on accédait par deux marches ; une balustrade
entourait ce petit monument.
Dès le petit matin, Mme
Terras, vêtue de blanc, pénétrait dans
l’enceinte réservée, gravissait les deux marches et prenait place dans son fauteuil. De là,
elle promenait ses regards sur son domaine, admonestait ses servantes et
faisait marcher tout son monde.
Elle était fort charitable.
Il y avait toujours devant le feu une
grande marmite, appelée « marmite des
pauvres »
Les mendiants entraient au Besset comme à
l’auberge ; ils étaient bien accueillis ; ils s’asseyaient sans en être priés, à la table de la
cuisine ; et aussitôt on plaçait devant eux une écuelle de grande taille,
remplie de soupe fumante.
Pendant ce temps, Madame
Terras bourrait sa pipe, l’allumait et dés que le mendiant avait vidé son
écuelle, elle lui adressait des questions sur la tournée qu’il venait de faire,
sur ce qui se passait de ce côté là.
Le paysan voyageur
qu’on interroge, sent son importance, il
raconte lentement, avec des réticences qui semblent cacher des mystères.
Madame Terras multipliait les
questions ; elle avait quelquefois le temps de fumer une seconde pipe,
avant que sa curiosité soit satisfaite.
Si les nouvelles étaient
intéressantes elle faisait servir au mendiant un verre
de vin, et l’on se séparait.
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