vendredi 24 août 2012

Horace Bénédict de Saussure par Ovide de Valgorge

Ovide de Valgorge raconte ainsi, dans ses Souvenirs de l'Ardèche , tom  I, page 133, la mésaventure de ce second voyage, qui fit monter de Saussure jusqu'à Saint Romain de Lerp.

« Un jour, dit il , du mois d'avril de l'année 1784, un voyageur, qui n'était autre qu'Horace Bénédict de Saussure , se présenta à  Châteaubourg. La nuit était depuis longtemps  venue , et ce fut en vain qu'il frappa à la  porte de toutes les hôtelleries : aucune ne s'ouvrit pour le recevoir. Il errait triste et mécontent, ne sachant trop où il pourrait trouver un gîte et un abri  contre le froid, qui , à cette époque déjà avancée de l'année, se fait encore si vivement  sentir quelquefois le long des rives du Rhône, lorsqu’une femme, qui s'était attardée au  chevet du lit de mort d'une de ses voisines,  traversa rapidement la rue. Il ne connaissait  point cette femme; mais il ne voulait à aucun  prix passer ainsi la nuit à la belle étoile; bien  que dans cette saison l' allouette chante de grand matin l'heure du réveil.

Ma bonne femme, lui cria t il , vous qui êtes du pays, aidez­ moi donc à trouver un gîte pour cette nuit! Mais soit que
cette dernière ne comprit pas , ou bien n’entendit pas ce que de Saus­sure lui demandait, soit plutôt que l'esprit encore préoccupé des scènes lugubres auxquelles elle venait d'assister, elle crût à une apparition surnaturelle , elle ne répondit rien,  et se mit à courir si fort que notre pauvre  voyageur l'eut bientôt complètement perdue de vue.

 Cette fois il n'y avait plus à hésiter ; tout  espoir de coucher dans un lit, sous un toit  hospitalier , s'était évanoui, et force fut à de  Saussure de s'en aller à quelques pas du village, attendre au pied d'un mur ou sur le revers d'un fossé les premières lueurs du  jour, qui pour lui durent, cette nuit là, tarder  bien longtemps à paraître sur l'horizon.

 Le lendemain ce fut bien pis encore. A  peine avait il atteint le sommet de la montagne qui domine le  village et le cours du Rhône pour se livrer aux opérations atmosphériques qui l'avaient conduit à Châteaubourg, qu'une grêle de pierres commença à fondre de tout côté sur lui. Le village tout  entier s'était ameuté. Les habitants avaient  cru, en le voyant ainsi gravir seul la montagne,  portant avec lui des instruments inconnus ,  qu'il allait conjurer le malin esprit, et appeler en représailles sans doute de la mauvaise nuit qu'il avait passée à Châteaubourg, les maux les plus affreux sur leur village. En fallait il d’avantage pour exaspérer une population qui n'était pas encore parvenue au  degré d'intelligence auquel elle est arrivée de  nos jours

 Notre pauvre naturaliste comprit bien vite la gravité du péril qui le menaçait, et , en homme prudent et sage , il se hâta de mettre  la montagne. entre lui et le village de Châteaubourg , où il ne reparut jamais plus de sa vie. »

HORACE BENEDICT DE SAUSSURE

La famille de SAUSSURE est originaire de Lorraine. 

Elle se réfugie à Genève à l’époque de la réforme de Calvin et fut reçue à la bourgeoisie en 1635.
Plusieurs de ses fils passèrent à la postérité.

Nicolas ( 1709-1790) s’illustra dans l’agronomie.

Nicolas Théodore ( 1767 – 1845) dans la chimie

Henri ( 1829 – 1905 ) dans l’entomologie

Ferdinand ( 1857 – 1913 ) en Linguistique

Mais le plus connu est Horace Bénédict ( 1740 – 1799 ) dont le nom est notamment associé à la physique et à la géologie ; c’est ainsi que ce professeur de philosophie et de science naturelle à l’Académie de Genève ( dont il fut recteur en 17774-1775) inventa l’hygromètre ( appareil servant à mesurer l’humidité de l’air)

Sa plus grande gloire culmine avec l’ascension du Mont Blanc dont il atteint le sommet le 3 août 1787                                         
                                                                        

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