Horace Bénédict de Saussure par Ovide de Valgorge
Ovide de Valgorge raconte ainsi, dans ses Souvenirs de l'Ardèche , tom I, page 133, la mésaventure de ce second voyage, qui fit monter de Saussure jusqu'à Saint Romain de Lerp.
Ma bonne femme, lui cria t il , vous qui êtes du pays, aidez moi donc à trouver un gîte pour cette nuit! Mais soit que
cette dernière ne comprit pas , ou bien n’entendit pas ce que de Saussure lui demandait, soit plutôt que l'esprit encore préoccupé des scènes lugubres auxquelles elle venait d'assister, elle crût à une apparition surnaturelle , elle ne répondit rien, et se mit à courir si fort que notre pauvre voyageur l'eut bientôt complètement perdue de vue.
Cette fois il n'y avait plus à hésiter ; tout espoir de coucher dans un lit, sous un toit hospitalier , s'était évanoui, et force fut à de Saussure de s'en aller à quelques pas du village, attendre au pied d'un mur ou sur le revers d'un fossé les premières lueurs du jour, qui pour lui durent, cette nuit là, tarder bien longtemps à paraître sur l'horizon.
Le lendemain ce fut bien pis encore. A peine avait il atteint le sommet de la montagne qui domine le village et le cours du Rhône pour se livrer aux opérations atmosphériques qui l'avaient conduit à Châteaubourg, qu'une grêle de pierres commença à fondre de tout côté sur lui. Le village tout entier s'était ameuté. Les habitants avaient cru, en le voyant ainsi gravir seul la montagne, portant avec lui des instruments inconnus , qu'il allait conjurer le malin esprit, et appeler en représailles sans doute de la mauvaise nuit qu'il avait passée à Châteaubourg, les maux les plus affreux sur leur village. En fallait il d’avantage pour exaspérer une population qui n'était pas encore parvenue au degré d'intelligence auquel elle est arrivée de nos jours
Notre pauvre naturaliste comprit bien vite la gravité du péril qui le menaçait, et , en homme prudent et sage , il se hâta de mettre la montagne. entre lui et le village de Châteaubourg , où il ne reparut jamais plus de sa vie. »
HORACE BENEDICT DE SAUSSURE
La famille de SAUSSURE est originaire de Lorraine.
Elle se réfugie à Genève à l’époque de la réforme de Calvin et fut reçue à la bourgeoisie en 1635.
Plusieurs de ses fils passèrent à la postérité.
Nicolas ( 1709-1790) s’illustra dans l’agronomie.
Nicolas Théodore ( 1767 – 1845) dans la chimie
Henri ( 1829 – 1905 ) dans l’entomologie
Ferdinand ( 1857 – 1913 ) en Linguistique
Mais le plus connu est Horace Bénédict ( 1740 – 1799 ) dont le nom est notamment associé à la physique et à la géologie ; c’est ainsi que ce professeur de philosophie et de science naturelle à l’Académie de Genève ( dont il fut recteur en 17774-1775) inventa l’hygromètre ( appareil servant à mesurer l’humidité de l’air)
Sa plus grande gloire culmine avec l’ascension du Mont Blanc dont il atteint le sommet le 3 août 1787
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