lundi 27 août 2012


Croix der la « Pose »
Naissance de l’auberge de Peyreberille

Le carrefour de 4 chemins au lieu dit « Croix de la Pose » a été dans les temps les plus reculés, un passage obligé  et jouir  à l'époque d'une grande importance. Dérobée par un fin connaisseur (collectionneur sans vergogne) elle fut dit-t‑on, retrouvée lors d'un incendie d'une maison de la région, mais jamais restituée. Un passionné dont le nom m’est inconnu, l’a remplacée, mais dans un emplacement sensiblement différent.

La Croix de la Pose ou Pause, est  située  sur le Territoire de Lesperon, possession des Marquis de Choisinet, à mi‑distance de la Grange de Cayres, possession des Montlaur, puis des Cayres et des Roudil, et du hameau de Mauras qui sur le plan administratif, formait une communauté indépendante, dépendant de la juridiction de Montlaur avant 1789, elle est à la croisée d'un important carrefour d'anciens chemins ou sentiers muletiers.

Ce carrefour a du voir passer d’innombrables personnages, nobles cherchant mariage dans des contrées lointaines  brigands de toutes sortes, pèlerin et muletiers transportant vin et redescendant les céréales des hauts-plateaux, blé, pois, lentilles, etc.

La grande «  Strate publique » dont le baron de Montlor faisait hommage à l’évêque du Puy en 1295 ( Répertoire des hommages de l’évêché du Puy, par M.Lascombe p.335) partait du Bas-Vivarais en direction du Velay et  du Gévaudan.

Montant de la Vallée du Rhône, par Lavillatte, traversant le hameau de Mauras, ou l’on voit dans quelques maisons le départ de tunnels, puis la Grange de Caires, possession, des Montlor, puis des Cayres , le sentier se divisait, un premier  vers Pradelles et le Velay, passant par la Chamblazère, possession des Blazères et des Goult de Vissac, Ces chemins empruntés par les muletiers  et les pèlerins allant à Notre Dame du Puy.

L’abbé Aulagnier, curé de Brigon,  dut emprunter, très souvent,  lors de ses voyages, ce carrefour. Nous le voyons au hameau de Mauras venir négocier un mariage, mais qui ne put aboutir.

Une voie partant de  Largentière, Valgorge et Loubaresse et une autre venant de Prunet, la Souche et la Croix de Bauzon, se rejoignaient au Bès et de là vers Lanarce, Peyrebeille et la Croix de la Pose.

Remontant de Montpezat, Saint Cirgues en Montagne , passant à Châteauvieux  et le châteaux des Eperviers, et rejoignant Saint-Philibert, puis Lavillate et se croisant à la Croix de la Pose

Un chemin venant de Saint Alban en Montagne, Espezonne, traversait la rivière l’Espezonnette au pont de Montvert et se dirigeait vers Langogne par « Sicri » et  le chemin dit de la « Raïsse » via le Mont Milan. Elle vit certainement passer des estafettes des légions romaines qui rejoignirent César qui aurait séjourné une nuit au Mont Milan! ... Un chemin venant du Plagnal, Saint Alban et Malesvieille, devait se joindre à celui de Concoules à Langogne. Les soldats romains venant de Nimes établissaient un camp à Saint Alban en Montagne et consacraient dans cette région un bois au dieu MARS qui, chez eux, était le dieux des armées

Un deuxième, venant de Lavillate et de la vallée du Rhône par le hameau de Mauras, où l'on trouve dans certaines maisons des tunnels, devait se diriger vers Montlaur et rejoindre la Grange de Cayres, possession des Montlaur et des Cayres, et la Chamblazère, possession des Blazères et des Goult de Vissac, via Pradelles. Un plan établi probablement par les templiers, montre en partant de la commanderie de Lavillate divers chemins se dirigeant vers les villages des alentours

Un troisième, devait être relié à la Regordane et passer par le hameau de la Ginestouse, possession des Montlaur, où l'on trouve aussi un tunnel aujourd'hui détruit. Il devait passer par le Pont de  la Veysseire, sur la rive droite de l'Allier, paroisse de Saint Alban en Montagne et desservir la « maladrerie », domaine cédé en 1276 par les Randon, et qui après avoir abrité des lépreux pendant trois siècles, a joué le rôle d'hôtellerie pour les pèlerins ou les voyageurs de la Regordane

Cette Croix de la Pause semble avoir joui à l'époque d'une grande importance. Dérobée par un fin connaisseur (collectionneur sans vergogne) elle fut dit‑on, retrouvée lors d'un incendie d'une maison de la région, mais jamais restituée ?

Il est probablement qu'elle fut passage du célèbre bandit Mandrin, né en 1725 à St Etienne Saint Geoire en Isère, roué vif à Valence en 1755. Il se livre au commerce de la « mercante » vivant de contrebande et de pillage des demeures des fermiers généraux et des châteaux des seigneurs, vendant son butin à la criée sur la place publique, toujours poursuivi par les « Gabelous » ou « Gapians »

Les Cayres et les de Goys durent emprunter cette ancienne voie romaine pour gagner leurs terres à  Thueyts et Antraigues

Dans le registre du notaire Simon Valentin, de Montpezat, pour l’achat d’un terrain en vue de la construction de l’auberge de Peyrebeille, notaire attitré de l’Abbaye de Mazan, actes de 1526 à 1532, on peut voir que la Croix de la Pause est située sur la voie appelée «  Estrada publica seu itinerer publico ferrato »

Le notaire décrit l’achat  suivant par Etienne Fabre de Trespis, paroisse de Coucouron :

«  15 mai 1532, noble Jehan Boyer, procureur et gérant des affaires de l’abbé commendataire Charles de la Beaume et Dom André Reynaud prieur conventuel de Mazan, au nom des messires Abbé et couvent de Mazan, ont donné à nouvel achat audit Etienne Fabre présent, trois quartes de terre champêtre au terroir Peyrabeille, confrontant avec le chemin qui va de la croix de Peyrabaille à Pradelles du côté du vent, avec le chemin qui va de Beauregard au bois de Bauzon au soleil droit, avec la terre quartive de Mazan des autres côtés, où il pourra et devra  faire un  auberge, dans le temps de trois années prochaines. Sous le sens accoutumé, et s’il laboure il paiera da dîme habituelle.

De même lui ont donné la faculté de prendre pour lui et les siens à l'avenir et à perpétuité des bois  verts et secs autant qu'il voudra  en tout temps et où qu'il habite, dans les bois de Bauzon de Mazan , et de se servir et jouir de ces bois comme et de la même façon que les habitants du lieu de Mézeyrac. Sous le même cens d'avoine pour la liberté desdits bois comme les habitants de Mézeyrac donnent et paient chaque année pour ces bois.

Et pour droit d'entrée  il payera quatorze livres au procureur du seigneur Abbé, à réquisition.

Noble Jehan Boyer l'investit. Et Etienne Fabre sera tenu de conserver l'acte. .

Fait à Mazan  dans la chambre dudit noble Jehan Boyer. Témoins présents : Louis Duny de Riouclar, Théofred Faure d’Arlempde, Pierre Clément , parent du procureur Boyer de la paroisse d'Ayn en Dauphiné, diocèse de Vienne » .

Les limites du terrain ( quatre boules) furent plantées le même jour par noble Jehan Boyer, André Reynaud prieur claustral, et frère Jean Castel
 Témoins présents audit endroit de Peyra abalha : Vital Méjan, :Claude Reynaud ,de Trespis, messire Mathieu Mourgue prêtre de la Villate, Anthoine Agreing ,de Saint‑Etienne‑du‑Vigan.

Par cet acte, l’on voit la naissance de l’auberge de Peirebeille. il n’y avait point à cette époque de maison entre Mayres et Pradelles via le Puy.

 Les moines de Mazan en établissant une auberge à Peyrebeille, pour se reposer et se restaurer, firent acte de charité pour le voyageur, et la fortune dudit Etienne Fabre

Merci à toute personne pouvant apporter des compléments d'informations sur la croix de la Pause
                                                                                                                                             T.Pascal

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